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jeudi 19 janvier 2017

Un tournant chez le roi du gag


ZEP, l’auteur de Titeuf, nous surprend avec sa dernière bande-dessinée réaliste Un bruit étrange et beau, publiée en octobre 2016 dernier. Un moine chartreux va devoir exceptionnellement quitter son monastère, l’obligeant à revenir dans le monde. Une échappée qui le bousculera dans sa foi et son engagement.

Quelle est l’origine du projet ?
Le thème de départ, c’est le silence : peut-on avoir passer 25 ans dans le silence et réussir à raccrocher avec notre monde de bavardage ? En créant le personnage, je voulais un moine. J’ai choisi l’Ordre des Chartreux qui me semblait l’ordre le plus radical comme choix monastique. Puis d’autres thèmes se sont greffés sur l’histoire, comme cette rencontre entre ce moine qui assume énormément ses doutes et cette femme, non croyante et pleine de certitudes. Je trouvais intéressant de parler de ce qui nous construit, face à ce que l’on croit et ce que l’on ne croit pas.




Connaissiez-vous ce milieu monastique ?
J’avais déjà réalisé des retraites il y a 25 ans. J’avais beaucoup échangé avec les moines sur leurs choix. Cela m’avait marqué, et je m’étais toujours dit que j’en écrirai une histoire. Je me suis beaucoup documenté. Je n’ai pas pu dessiner à l’intérieur de la Grande Chartreuse mais je me suis posté dans les montagnes aux alentours. C’est une région dont je suis originaire.

A l’époque des retraites, dessiniez-vous déjà Titeuf ? 
Oui, j’étais dans l’univers du gag. Et cet univers des religieux m’était quand même assez étranger. Mais au final, je me rends compte que j’ai beaucoup de points communs avec eux. Ca fait 25 ans que j’ai une vie monacale dans ma cellule où je dessine. Et comme les chartreux, je suis à la fois dans le monde et je m’en extrais pour l’observer, le croquer, le dessiner. C’est la vie des artistes d’être assis au bord du monde.






En quoi cette BD fait-elle écho à votre foi ?
Je suis à la foi William et Méry, le chartreux et cette femme qui doute de la présence de Dieu. J’ai eu beaucoup de plaisir à les faire coexister. La foi de Willam est très belle mais je ne la partage pas. Je comprends aussi la colère de Méry devant le silence de Dieu alors qu’elle est malade. Ces deux personnages reflètent deux facettes de ma personnalité. Je ne suis pas croyant mais je ne suis pas en rejet, ni pour autant sur de moi et de ce qui m’entoure. Je reste admiratif de ceux qui font le pari de croire : c’est courageux et intéressant. Je l’ai fait dans ma jeunesse. 

Est ce plus compliqué d’écrire une BD réaliste que Titeuf ?
Rien n’est plus difficile que le gag, surtout si les gens ne rient pas. Dans une BD réaliste, il y a différents niveaux de lecture, que j’assume complètement. J’ai réalisé onze versions avant de publier le livre. Ce qui est compliqué, c’est la recherche de documentation afin que les personnages aient une vraie cohérence. Et ce qui est formidable, c’est que chaque projet nourrit d’autres projets, comme l’album Un bruit étrange et beau aura nourri le prochain Titeuf.  


Article rédigé pour le journal Présence - Groupe Bayard


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