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jeudi 16 mai 2019

« L'Arche porte un mystère ! »

A l'occasion des obsèques de Jean Vanier ce 16 mai, nous republions un article réalisé en 2014, à l'occasion des 50 ans de la Communauté de l'Arche fête . Jean Vanier, son fondateur, revient sur le développement de cette communauté qui a su donner une place aux personnes avec un handicap mental.

Quel est votre regard sur le développement de l'Arche ?
L'Arche porte un mystère. Les personnes avec une déficience intellectuelle ne sont pas que des pauvres qu'il faut loger, nourrir, habiller. Elles ont aussi des choses à dire sur la société, l'église. Nous sommes donc devant un mystère qui ne peut être compris sans une expérience de vie, sans une rencontre avec ces personnes. Je me souviens d'un témoignage très fort d'une assistante d'Arras qui a travaillé dans une de nos communautés : « Je ne sais pas si l'Arche change le monde, mais moi, je suis changée ! » Le développement de l'Arche a été rendu possible grâce à ceux qui ont compris ce mystère.


Comment naît une Communauté ?
Nous comptons 138 implantations dans le monde, dont 31 en France. Cinq projets d'ouvertures sont en cours sur Bordeaux, Nancy, Strasbourg, Bayonne et Pau. A chaque fois, une Communauté s'ouvre grâce au désir de personnes locales comme des parents d'enfants avec handicap, des anciens assistants ou des personnes sensibles à notre cause. C'est un cri qui jaillit de la terre. Cela ne répond pas à un plan de développement de notre Conseil d'Administration.

L'Arche, sur ces cinquante dernières années, a-t-elle du répondre à de nouveaux besoins ?
Aujourd'hui, 98% des couples qui pensent attendre un enfant trisomique, optent pour l'avortement. Les besoins sont donc moins grands. En revanche, il y a beaucoup de besoins en matière d'accueil de personnes poly-handicapées. L'Arche ne possède que quatre Maison d'Accueil Spécialisé pour les accueillir ; il en faudrait beaucoup plus. Également, beaucoup d'adultes accueillis sont aujourd'hui touchés par la maladie d'Alzheimer, ce qui complexifie l'accompagnement.

Vous avez reçu en juillet 2013 le prix Pacem in Terris*. Comment vivez-vous cette reconnaissance ?
C'est avant tout une reconnaissance de l'Arche. Ce prix a tenu compte du regard que nous portons sur les personnes avec handicap et de notre contribution à la paix. A Bethléem, comme au Bangladesh par exemple, nous faisons travailler ensemble musulmans et chrétiens. L'Arche est signe de paix, grâce à notre capacité à réunir des personnes différentes, mais éprises par le même sens de l'humain.

Depuis cinquante ans, qu'est-ce-qui vous fait tenir ?
Ce qui est extraordinaire, c'est de voir les personnes accueillies heureuses, détendues, changées. La vie relationnelle transforme les gens. La paix, c'est finalement cette capacité à se détendre avec des personnes différentes de nous, ce que ce soit par la culture, la religion ou le handicap.

Propos recueillis par Anne Castelbou en 2014
Article dans le journal Présence - Groupe Bayard

* Le prix Pacem in Terris de la paix et de la liberté est décerné annuellement aux États-Unis depuis 1964 en mémoire de l'encyclique de 1963 Pacem in Terris du pape Jean XXIII. John F. Kennedy, Martin Luther King ou Mère Térésa de Calcutta l'ont notamment reçu.

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