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vendredi 1 septembre 2017

Il faut oser le regard de l'autre

Barbara Hendricks vient de terminer une tournée de chants en France. Cantatrice américaine, ambassadrice honoraire à vie auprès du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Réfugiés (HCR), cette femme de coeur est portée par une véritable foi dans l’homme.

Comment combinez-vous votre vie de cantatrice et votre mission avec le HCR ? 
C’est plus simple maintenant car je suis officiellement retraitée. J’accepte uniquement des concerts qui me font plaisir. Je n’ai pas le même calendrier qu’il y a dix ans. Je suis plus disponible pour le HCR. Avant, je ne pouvais pas annuler un concert pour aller dans une zone de conflit. J’en aurais perdu ma crédibilité d’artiste. Maintenant, j’ai plus de temps. Je suis d’ailleurs retournée en Grèce au printemps. Là-bas, il y a beaucoup de gens bloqués sur place, qui attendent d’être  accueillis par les européens. J’irai peut-être aussi en Afrique prochainement. 


Depuis de longues années, vous défendez la cause des réfugiés et des droits de l’homme. Y-a-t-il des signes encourageants dans ce domaine?
Les signes positifs, c’est la réaction des citoyens, notamment européens. Je me rends compte qu’ils ont beaucoup moins peur que la classe politique. Il y a beaucoup de compassion et de solidarité envers les réfugiés. Il faut juste essayer d’imaginer quel accueil nous aimerions recevoir si nous étions forcés de fuir avec rien, sauf nos enfants. En prenant le temps de penser à ça, il est alors impossible de fermer les yeux, fermer les portes et fermer nos coeurs. 

En quoi cette mobilisation pour les réfugiés fait-elle écho à vos valeurs ?
Si nous pouvions vivre juste selon le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme, cela serait un bon début : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.». Cela montre que nous sommes tous frères et soeurs. C’est alors difficile de ne pas avoir de la compassion pour l’autre. Il faut juste oser le regard, oser le regard de l’autre. S’il y a une réussite dans ma vie qui compte, c’est ma réussite comme être humain et mon chemin spirituel. Nous sommes tous d’ailleurs sur un chemin spirituel, ce chemin qui fait évoluer l’âme et qui nous pousse à faire un pas depuis notre naissance jusqu’à notre mort.

Vous êtes fille de pasteur de l’Arkansas aux Etats-Unis, la religion a-t-elle encore une place dans votre vie ?
La spiritualité a encore une énorme place dans ma vie. Je ne fais pas partie d’une église. Mais pour moi, l’essentiel, c’est que dans toute rencontre, que ce soit dans ma famille ou avec un inconnu dans un tramways, je reconnaisse l’existence de l’autre et de Dieu qui vibre dans toute personne. C’est cette lumière, cette énergie qui fait que nous faisons partie de cette grande famille qui s’appelle l’humanité.  


Propos recueillis par Anne Henry-Castelbou
Publié dans le journal Présence juillet-août 17 / Groupe Bayard

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