Article paru dans Question de Parents avril/mai 2014
Pour une intervention médicale
ponctuelle ou le traitement d'une douleur chronique, l'hypnose est de
plus en plus proposée aux enfants. Elle permet de soulager la
douleur, d'utiliser moins de médicaments, une récupération plus
rapide. On parle d'hypnoanalgésie.
Cette pratique est utilisée dans certains hôpitaux pour l'ablation
d'une sonde, la pose d'une voie veineuse, une biopsie, une ponction
lombaire, la réfection d'un pansement d'un grand brûlé, des soins
dentaires...
Lors d'interventions médicales
Au CHRU de Lille, depuis janvier 2013,
une centaine d'agents – infirmiers et auxiliaires de puéricultures
– se forment à l'hypnoanalgésie. C'est le Dr Justine
Avez-Couturier et la cadre de santé Jamila Kerrar qui pilotent cette
formation au sein du Pôle Enfant. Cette dernière précise la
technique utilisée : « Durant certaines interventions
médicales, nous utilisons le gaz Méopa (mélange équimolaire
oxygène protoxyde d'azote), un gaz euphorisant qui permet d'emmener
rapidement l'enfant dans son imaginaire. Durant cet état d'hypnose,
nous associons chaque acte médical douloureux de l'intervention à
une histoire dans lequel l'enfant est son propre héros. »
(voir Focus 1) Résultat : l'enfant à son réveil ne se souvient
quasiment pas de l'intervention.
Douleurs chroniques
L'hypnose peut être également
utilisée chez les enfants pour soigner des douleurs chroniques et
aiguës (migraines, asthme, problèmes dermatologiques …). Mais
aussi pour préparer des actes médicaux (injection quotidienne
d'hormones, bilans/interventions médicaux et chirurgicaux ….).
Plusieurs séances sont alors nécessaires, comme l'explique Nelly
Clavier, thérapeute à Lambersart et formée aux techniques de
l'hypnose chez l'enfant (certifiée
en Hypnose Ericksonienne) :
« Tout d'abord, un diagnostic médical doit être posé par
le médecin traitant. Puis nous explorons de façon systémique
l'origine du problème, en prenant l'enfant dans sa globalité, ses
liens familiaux et sociaux. Il faut définir le problème et
l'objectif à atteindre. »
Etat de rêve éveillé
Au cours d'une des séances, le
thérapeute peut utiliser l'hypnose. Elle se déroule en différentes
étapes. Après une première phase d'induction, grâce à
l'utilisation de dessins, jeux, chansons …., l'enfant rentre dans
un état de dissociation, similaire à celui d'un rêve éveillé.
« C'est
dans cette phase que le professionnel va poser des suggestions
hypnotiques de résolution du problème. L'hypnose
ericksonienne part du principe que la personne à toutes les
ressources nécessaires en elle pour faire face à son problème. Par
le biais de l'hypnose, le patient va aller chercher les ressources
"inconscientes" dont il a besoin. »
précise Nelly Clavier (voir Focus 2). Le professionnel pourra
aussi proposer aux enfants migraineux ou asthmatiques de leur
apprendre l'auto-hypnose pour gérer eux-même leur douleur.
Technique efficace et non-médicamenteuse
Pour les professionnels rencontrés,
l'hypnoanalgésie ne peut se faire qu'avec des enfants en âge de
verbaliser leurs émotions, soit à partir de trois ans. Et avec
l'accord parents/enfant. Les parents peuvent ensuite être présents
ou non durant la séance d'hypnose. Jamila Kerrar constate en tout
cas que « les parents à l'hôpital sont toujours partants
pour cette technique efficace et non-médicamenteuse. »
Focus 1 : Le dessin-animé Cars
pour soulager la douleur
Jamila Kerrar du CHRU de Lille se
souvient d'une séance d'hypnoanalgésie lors d'une ponction lombaire
(réalisée sous anesthésie locale au moyen d'une fine aiguille) sur
un enfant adorant le dessin-animé Cars. Après avoir
administré du gaz Méopa pour détendre l'enfant, les professionnels
de santé ont emmené l'enfant dans le monde imaginaire de Cars,
en lui proposant de participer à
une course de voiture, et ce durant le temps de l'intervention
médicale : « Prépare-toi ! Pour entrer dans la
voiture, il faut mettre un masque. Puis tu dois avancer dans les
starting-blocks. Pour ça, il faut se mettre en position : vas-y,
mets-toi sur le côté. » Au moment où le médecin pique :
« Ah, nous devons nous arrêter pour approvisionner la
voiture : tu sens la pression ? » Enfin, il faut bien
terminer l'histoire : « Ça y est, tu es arrivé le premier,
bravo ! »
Focus 2 : Changer l'image de la
peur
Nelly Clavier, thérapeute familiale, a
utilisé l'hypnose
pour aider une petite fille qui avait peur de retourner au bloc
opératoire : « Elle
avait en mémoire une image négative liée à une première
opération : le masque du chirurgien l'effrayait. Malgré
l'anesthésie, s'était-elle réveillé un court instant lors de
cette première intervention, lui provoquant cette frayeur ?».
Nelly Clavier a alors proposé une séance d'hypnose pour modifier
cette image engramée dans sa mémoire afin de traiter le
traumatisme : «Lors
de la séance d'hypnose, la petite a décidé de transformer l'image
mentale du masque effrayant, en une grosse fraise pleine de
chantilly. »
Cette séance a permis ensuite à l'enfant d'affronter plus
sereinement l'intervention chirurgicale suivante.
En
savoir plus :
- L'hypnose pour les enfants d'Isabelle Célestin-Lhopiteau, aux Editions J.Lyon
- Hypnoanalgésie et hypnosédation d'Isabelle Célestin-Lhopiteau et Antoine Bioy, chez Dunod
- Sparadrap (Association pour guider les enfants dans le monde de la santé) propose plusieurs vidéos et sons à écouter sur le sujet :www.sparadrap.org
Choisir
un hypnopraticien pour enfants
L'hypnose
est utilisée dans le domaine de la douleur mais aussi dans le champs
de la psychothérapie : anxiétés, troubles du sommeil, tocs,
troubles alimentaires, phobies, énurésie, gestion du stress, retard
du développement, dépression infantile précoce … Il faut
s'assurer que le praticien ait une formation initiale comme
professionnel de la santé, ainsi qu'une formation reconnue en
hypnose. Quelques coordonnées de professionnels lillois formés à
l'hypnose sur le site de l'Institut Français d'Hypnose :
www.hypnose.fr
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