De plus en plus de centres hospitaliers
font appel à la musique pour soulager les enfants de la douleur et
de la peur des soins. Ses vertus sont multiples, à condition de bien
l'utiliser. Certains ont même évalué scientifiquement son impact.
« Distraire un enfant pendant
un soin douloureux ou inquiétant est un moyen efficace pour diminuer
la douleur et la peur. Les solutions médicamenteuses ne suffisent
pas toujours. Il faut agir à la fois sur la composante sensorielle
et émotionnelle de la douleur. » affirme l'Association
Sparadrap*, présidée par le Dtr Catherine Devoldère, pour qui la
musique est une des formes de distraction efficace. Aurait-elle des
vertus thérapeutiques ? En milieu hospitalier, elle ne fait pas
partie d'un protocole de soins mais est considérée comme un allié
thérapeutique. La musique peut être déambulatoire : des musiciens
formés se promènent dans les couloirs de l'hôpital, en
concertation avec le corps médical, pour jouer et chanter au chevet
des enfants, quelque soit leur âge. Des ateliers chants
parents/enfants sont également proposés.
Les vertus musicales
Ce qui est important, c'est de ne
jamais diffuser de musique ou chant pré enregistrés, respecter les
envies du petit, ne pas créer de stress et encourager les parents à
participer. Certes, ce n'est pas toujours simple de chanter à son
enfant. La maman peut se sentir coupable de ne pas avoir mené une
grossesse à terme, un papa peut être envahi par la peur de
l'avenir. Pourtant, Philippe Bouteloup, de l'association parisienne
Musique & Santé*, affirme que chanter à son enfant permet de
s'adresser à lui autrement. Cette association a d'ailleurs formé
l'équipe du Dtr Eric Boez du service de néonatalogie * du Centre
Hospitalier de Roubaix. Ce dernier pousse lui aussi les parents à
chanter auprès de leur bébé en couveuse : « Quand on
parle à un bébé, on est déjà dans la musique. C'est facile alors
de passer sur le registre des berceuses. C'est important pour la
relation parent-enfant. » D'ailleurs, pour Philippe
Bouteloup, quand un parent voit son enfant profiter de la musique, il
ne voit plus le malade et peut alors se projeter dans un lendemain
meilleur. Pour les soignants, un enfant qui sait se distraire, c'est
un enfant résistant et donc plus facile à soigner.
Évaluation
Pourtant, certains médecins comme le
Dtr Boez, cherchent à évaluer l'impact de la musique auprès des
enfants, notamment ceux du service de néonatalogie. Le Dtr Catherine
Zaoui, du service de néonatalogie du Centre Hospitalier de
Valenciennes, a d'ailleurs elle-même réalisé cette évaluation,
via l'observation Nidcap* en 2006 : « La voix maternelle
chantée peut être un moment de bien- être lorsque le bébé est
calme (...). Elle peut aussi provoquer agitation, stress, tachycardie
voire bradycardie lorsque l'enfant n'arrive pas à maintenir son
tonus, qu'il est réveillé par le chant, qu'il a faim (...). »
Résultat mitigé qui invite donc à utiliser la musique en fonction
de l'état de l'enfant. Mais la voix maternelle chantée reste
néanmoins selon l'étude « une occasion pour la maman de
progresser dans la connaissance de son bébé, et de prendre
confiance dans ses capacité à répondre à ses besoins. »
Anne Henry-Castelbou
* Pour en savoir plus :
- Association Sparadrap : association qui guide les enfants
dans le monde de la santé.Www.sparadrap.org. DVD disponible « A vous de jouer !
La distraction lors de soins » réalisé par l'association
Sparadrap.
- Association Musique & Santé :
association qui promeut la musique en milieu hospitalier et dans les
structures d'accueil des personnes handicapées.Www.musique-santé.org. Livre : « Des musiciens et des
bébés » de Philippe Bouteloup aux éditions Eres
- Service de néonatalogie :
bébés prématurés ou nourrissons d'un mois et/ou pesant moins de
3kg, souvent en couveuses.
- L'observation Nidcap : programme de soins personnalisés au
prématuré, basé sur une observation rationnelle de son
comportement avant, pendant et après un soin, et intégrant
précocement les parents.
Encadré 1: « J'ai
vu des mamans pleurer ... »
Marie est bénévole au sein de
l'association Chante avec moi, qui intervient dans les services
pédiatriques du Centre Hospitalier de Tourcoing. Tous les mois, elle
passe une après-midi à jouer de la guitare et chanter, auprès des
enfants de tout âge : « La puéricultrice,véritable
interface avec les soignants, organise nos visites et nous donne un
planning. Nous faisons ensuite le tour des chambres : notre
répertoire va de la berceuse à Jean-Jacques Goldman ! Nous avons
aussi une mallette de percussion que les enfants non contagieux
peuvent utiliser. Auprès des bébés en couveuses, nous intervenons
toujours en présence des mamans : c'est important car la musique
peut contribuer au développement de la relation mère-enfant. Je
constate qu'auprès des enfants de plus d'un mois, l'action de la
musique est très apaisante. Souvent, on voit les bébés s'endormir
dans les bras de leur parent. J'ai vu des mamans pleurer ; le chant
peut soulever beaucoup d'émotion et même dénouer certaines
choses. »
Encadré 2 : « La
musique a transformé notre fils.»
Hors du milieu hospitalier, la musique
peut être utilisée de façon thérapeutique, notamment au sein des
Centres Tomatis (dont un sur la métropole lilloise). Cette méthode
a été élaborée par le Pr Alfred Tomatis, ancien
otorhino-laryngologiste, dans les années 50. En effectuant des
séances d'écoute répétée, essentiellement de la musique de
Mozart, il est possible de stimuler l'oreille interne, les capacités
auditives et donc apporter un mieux-être. Selon le professeur, le
compositeur a utilisé, dans ses notes et ses timbres, des fréquences
particulièrement aiguës, qui ont des effets positifs sur le
cerveau. Cette technique alternative est proposée pour lutter
contre les troubles de l'apprentissage, du langage, d'attention, mais
aussi pour améliorer sa voix, sa musicalité et l'apprentissage des
langues étrangères. France de Lompret, maman de trois enfants, y a
eu recours pour son fils, trop souvent dans la lune : «Ses
instituteurs estimaient qu'il souffrait d'un trouble d'attention en
classe. Mais à la maison, il pouvait se concentrer des heures sur
des jeux de construction. En CM1, il a alors suivit cette méthode,
recommandée par notre médecin mais aussi par des amis. Dès
les premières séances, nous avons vu le résultat. La musique a
transformé notre fils. Il est devenu ultra-attentif, il s'est
physiquement redressé, sa voix est devenue plus assurée.
D'ailleurs, en CM2, il n'est plus allé une seule fois en aide
personnalisée ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire