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lundi 2 décembre 2013

La musique au chevet de nos enfants

Article paru dans Question de Parents de décembre 2013/janvier 2014

De plus en plus de centres hospitaliers font appel à la musique pour soulager les enfants de la douleur et de la peur des soins. Ses vertus sont multiples, à condition de bien l'utiliser. Certains ont même évalué scientifiquement son impact.

« Distraire un enfant pendant un soin douloureux ou inquiétant est un moyen efficace pour diminuer la douleur et la peur. Les solutions médicamenteuses ne suffisent pas toujours. Il faut agir à la fois sur la composante sensorielle et émotionnelle de la douleur. » affirme l'Association Sparadrap*, présidée par le Dtr Catherine Devoldère, pour qui la musique est une des formes de distraction efficace. Aurait-elle des vertus thérapeutiques ? En milieu hospitalier, elle ne fait pas partie d'un protocole de soins mais est considérée comme un allié thérapeutique. La musique peut être déambulatoire : des musiciens formés se promènent dans les couloirs de l'hôpital, en concertation avec le corps médical, pour jouer et chanter au chevet des enfants, quelque soit leur âge. Des ateliers chants parents/enfants sont également proposés.


Les vertus musicales
Ce qui est important, c'est de ne jamais diffuser de musique ou chant pré enregistrés, respecter les envies du petit, ne pas créer de stress et encourager les parents à participer. Certes, ce n'est pas toujours simple de chanter à son enfant. La maman peut se sentir coupable de ne pas avoir mené une grossesse à terme, un papa peut être envahi par la peur de l'avenir. Pourtant, Philippe Bouteloup, de l'association parisienne Musique & Santé*, affirme que chanter à son enfant permet de s'adresser à lui autrement. Cette association a d'ailleurs formé l'équipe du Dtr Eric Boez du service de néonatalogie * du Centre Hospitalier de Roubaix. Ce dernier pousse lui aussi les parents à chanter auprès de leur bébé en couveuse : « Quand on parle à un bébé, on est déjà dans la musique. C'est facile alors de passer sur le registre des berceuses. C'est important pour la relation parent-enfant. » D'ailleurs, pour Philippe Bouteloup, quand un parent voit son enfant profiter de la musique, il ne voit plus le malade et peut alors se projeter dans un lendemain meilleur. Pour les soignants, un enfant qui sait se distraire, c'est un enfant résistant et donc plus facile à soigner.

Évaluation
Pourtant, certains médecins comme le Dtr Boez, cherchent à évaluer l'impact de la musique auprès des enfants, notamment ceux du service de néonatalogie. Le Dtr Catherine Zaoui, du service de néonatalogie du Centre Hospitalier de Valenciennes, a d'ailleurs elle-même réalisé cette évaluation, via l'observation Nidcap* en 2006 : « La voix maternelle chantée peut être un moment de bien- être lorsque le bébé est calme (...). Elle peut aussi provoquer agitation, stress, tachycardie voire bradycardie lorsque l'enfant n'arrive pas à maintenir son tonus, qu'il est réveillé par le chant, qu'il a faim (...). » Résultat mitigé qui invite donc à utiliser la musique en fonction de l'état de l'enfant. Mais la voix maternelle chantée reste néanmoins selon l'étude « une occasion pour la maman de progresser dans la connaissance de son bébé, et de prendre confiance dans ses capacité à répondre à ses besoins. » Anne Henry-Castelbou

* Pour en savoir plus :
- Association Sparadrap : association qui guide les enfants dans le monde de la santé.Www.sparadrap.org. DVD disponible « A vous de jouer ! La distraction lors de soins » réalisé par l'association Sparadrap.
- Association Musique & Santé : association qui promeut la musique en milieu hospitalier et dans les structures d'accueil des personnes handicapées.Www.musique-santé.org. Livre : « Des musiciens et des bébés » de Philippe Bouteloup aux éditions Eres
- Service de néonatalogie : bébés prématurés ou nourrissons d'un mois et/ou pesant moins de 3kg, souvent en couveuses.
- L'observation Nidcap : programme de soins personnalisés au prématuré, basé sur une observation rationnelle de son comportement avant, pendant et après un soin, et intégrant précocement les parents.

Encadré 1: «  J'ai vu des mamans pleurer ... »
Marie est bénévole au sein de l'association Chante avec moi, qui intervient dans les services pédiatriques du Centre Hospitalier de Tourcoing. Tous les mois, elle passe une après-midi à jouer de la guitare et chanter, auprès des enfants de tout âge : « La puéricultrice,véritable interface avec les soignants, organise nos visites et nous donne un planning. Nous faisons ensuite le tour des chambres : notre répertoire va de la berceuse à Jean-Jacques Goldman ! Nous avons aussi une mallette de percussion que les enfants non contagieux peuvent utiliser. Auprès des bébés en couveuses, nous intervenons toujours en présence des mamans : c'est important car la musique peut contribuer au développement de la relation mère-enfant. Je constate qu'auprès des enfants de plus d'un mois, l'action de la musique est très apaisante. Souvent, on voit les bébés s'endormir dans les bras de leur parent. J'ai vu des mamans pleurer ; le chant peut soulever beaucoup d'émotion et même dénouer certaines choses. »

Encadré 2 : « La musique a transformé notre fils.»
Hors du milieu hospitalier, la musique peut être utilisée de façon thérapeutique, notamment au sein des Centres Tomatis (dont un sur la métropole lilloise). Cette méthode a été élaborée par le Pr Alfred Tomatis, ancien otorhino-laryngologiste, dans les années 50. En effectuant des séances d'écoute répétée, essentiellement de la musique de Mozart, il est possible de stimuler l'oreille interne, les capacités auditives et donc apporter un mieux-être. Selon le professeur, le compositeur a utilisé, dans ses notes et ses timbres, des fréquences particulièrement aiguës, qui ont des effets positifs sur le cerveau. Cette technique alternative est proposée pour lutter contre les troubles de l'apprentissage, du langage, d'attention, mais aussi pour améliorer sa voix, sa musicalité et l'apprentissage des langues étrangères. France de Lompret, maman de trois enfants, y a eu recours pour son fils, trop souvent dans la lune : «Ses instituteurs estimaient qu'il souffrait d'un trouble d'attention en classe. Mais à la maison, il pouvait se concentrer des heures sur des jeux de construction. En CM1, il a alors suivit cette méthode, recommandée par notre médecin mais aussi par des amis. Dès les premières séances, nous avons vu le résultat. La musique a transformé notre fils. Il est devenu ultra-attentif, il s'est physiquement redressé, sa voix est devenue plus assurée. D'ailleurs, en CM2, il n'est plus allé une seule fois en aide personnalisée ! »

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