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vendredi 4 novembre 2016

Quand on découvre que les compagnies minières collaboraient ...

Marie-Jo Pareja, co-realisatrice du documentaire.
"Osez la grève sous l'occupation mai-juin 1941" : voici un documentaire qui lève le voile sur un fait historique passé sous silence.

En mai-juin 1941, plus de 100 000 mineurs du bassin minier vont défier l'occupant, en faisant grève et en arrêtant la production de charbon pendant 15 jours, et ce sur 120 km du sillon minier du Nord-Pas de Calais. Ils dénoncent les épouvantables conditions de travail et de vie, du à l'augmentation des cadences et à la baisse du ravitaillement alimentaire. C'est la plus importante grève de l'Europe occupée.

Cet évènement sera précédé, quelques semaines auparavant, d'une grève de moindre ampleur mais néanmoins remarquable dans le bassin sidérurgique de Wallonie. Ces faits historiques sont à l'origine de l'entrée en résistance de nombreux mineurs.

Ce documentaire est extrêmement bien documenté. Il révèle le rôle ambigu du PC dans l'organisation de cette grève, l'importance du rôle des femmes et surtout les dénonciations des fauteurs de troubles par la direction des compagnies minières. Elles sont à l'origine du départ de 270 mineurs en camps de concentration (60% d'entre eux n'en reviendront pas). On comprend mieux plus de 60 ans de silence sur cet épisode de 1941.

Dans le studio d'enregistrement de la bande-son,
 avec une partie du groupe Skip the Use.

Bande-son par les musiciens de Skip the Use
Ce très beau documentaire  sera projeté au 9-9 Bis, l'ancien site minier de Oignies près de Lille, le 22 novembre prochain à 19h. Il a été co-réalisé par Marie-Jo Pareja et Dominique Dreyfus. La bande-son a été alisée par deux musiciens du groupe nordiste Skip the Use, Lionel le clavier et Max le batteur.

Les deux réalisatrices travaillent sur le sujet depuis 2012 :

"Nous ne sommes pas nordistes mais nous avons senti qu'il y avait un sujet à creuser. Cela faisait écho à nos propres histoires familiales. Nous sommes filles de résistants espagnol et français". 

Elles n'ont pas hésité à chercher les financements, à rencontrer les derniers galibots (enfants mineurs) vivants ayant vécu cette grève et à visionner des dizaines de films d'archives.

Sujet encore d'actualité
La grève de 1941 sera ensuite suivie deux autres grande grèves en 1948 et 1952. Ce sujet reste toujours d'actualité. En 2014, la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, crée une commission "Norbert Gilmez", héros de la lutte des mineurs de 1948, pour valoriser les engagements des gueules noires en 41, 48 et 52. Cette commission étudie une possible indemnisation de ces mineurs qui se sont battus pour leurs conditions. Fin septembre 2016, 4 mineurs grévistes de 48, décédés aujourd'hui, ont ainsi été réhabilités dans leur grade de militaire réserviste à l'Elysée, en présence de François Hollande et de Christiane Taubira.

Pour l'instant, seuls 36 mineurs ont été indemnisés. La diffusion de ce documentaire, plusieurs fois primé (Prix du Meilleur documentaire, prix des meilleurs réalisatrices internationales au Women's only entertainment film festival à Los Angeles en 2016) fera peut-être avancer les choses.

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