titre test

Journaliste économique free-lance
A la Une !

mardi 5 décembre 2017

Jean d'Ormesson, une figure libre jusqu'au bout

En mai 2015, interview de Jean d’Ormesson, pour le journal Présence du groupe Bayard, sur son dernier ouvrage Comme un chant d’espérance* , dernier volet d’une réflexion sur l’univers. 

La discussion porte sur le "rien" avant le Big-Bang et et le "rien" après la mort. Le sujet peut paraître complexe. Mais comme à son habitude, Jean d'Ormesson en parle avec facilité et décontraction, avec sa voix souriante et  charmeuse, qui rend le sujet accessible. Et comme toute grande figure libre, il ose parler de tout, notamment de sa foi, véritable socle de son espérance. Qu'elle l'accompagne pour ce voyage ultime... Pour son décès, partageons ses réflexions.


Ce livre est-il un moyen de réconcilier science et foi ?
Au coeur de cet ouvrage, j’ai d’abord voulu montrer que l’univers a une histoire, ce qui est en soi une révolution ! Les grecs pensaient que l’univers était éternel et infini. Or un jour, un peuple, celui d’Israël, s’est distingué en croyant en un Dieu différent ; un Dieu qui créa le monde en six jours et qui depuis ne cesse d’évoluer.  La science nous a ensuite permis de découvrir l’existence du Big-Bang. Aujourd’hui, nous avons le choix entre deux hypothèses : soit le  Big-Bang est du au hasard et à la nécessité, soit il provient d’un esprit à l’origine du monde. Soit nous optons pour l’absurdité, soit pour le mystère. Moi, je choisi le mystère.  

Avez-vous longtemps été tiraillé entre ces deux hypothèses ?
Oui, bien sur. J’ai été élevé dans la religion catholique, je ne l’ai jamais quittée et j’espère y mourrir. Mais je suis travaillé par le doute, je doute parfois en Dieu. J’ai lu avec angoisse que même Thérèse de Lisieux avait été en proie au doute. Je n’ai jamais été un enfant très spirituel. En revanche, j’ai l’espérance chevillée au corps. J’espère que Dieu existe même si je n’en sais rien. Même si je doute, j’espère toujours. Si Dieu n’existait pas, ce serait une grande tristesse, tout s’écroulerait.

Dans les moments difficiles, avez-vous eu le sentiment parfois d’être porté par Dieu ?
Dans son quotidien, il faut penser comme si Dieu existait et agir comme si Dieu n’existait pas. Dieu ne peut pas s’occuper de tout.

Vous qui avez traversé la maladie, la souffrance et le mal ont-t-ils le moindre sens ?
C’est un problème insoluble. Si vous ne croyez pas en Dieu, tout est absurde. Si vous croyez en Dieu, c’est formidable : Dieu est là, comme une récompense. Mais il y a le problème du mal. Il n’a pas de sens si Dieu n’existe pas. Mais il peut prendre du sens si l’on croit en lui. Derrière chaque souffrance, il y a toujours quelque chose qui donne du sens à ce qui nous arrive.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Ce livre est comme une prière personnelle que j’ai mise par écrit. Je tenais à montrer combien ma foi est la forme de mon espérance. Croire en Dieu, pour moi, c’est espérer qu’il existe. Ce livre ne m’a pris que trois semaines de travail contre trois mois habituellement. J’ai eu l’impression que cet ouvrage m’a été dicté par une force. J’espère qu’il changera le lecteur. Moi, il m’a en tout cas transformé.

Propos recueillis par Anne Henry-Castelbou
Extrait de l'article dans Présence, Groupe Bayard


* Comme un chant d’espérance, de Jean d’Ormesson de l’Académie française, publié en 2014, aux éditions Héloïse d’Ormesson.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire