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Ingrid Betancourt, dans son premier
roman La Ligne Bleue paru en 2014, nous fait revivre les
heures sombres de la dictacture argentine. A travers cette histoire
captivante, la franco-colombienne nous livre des messages de foi et
d'amour, en lien avec son histoire personnelle.
Qu'est-ce qui vous a poussé à
écrire votre premier roman ?
Je vis actuellement au Royaume-Uni où
j'ai repris des études de théologie. Je me suis notamment beaucoup
intéressée à l'histoire de ces jeunes prêtres argentins, marqués
dans les années 1960 par le Concile de Vatican II et la Théorie de
la Libération, résistants à la dictacture de leur pays. Je me suis
inspirée pour le livre de l'un d'entre eux qui a tout laissé pour
vivre au plus près des pauvres et qui s'est fait exécuter par le
pouvoir en place. Puis le hasard m'a fait rencontré une argentine,
ancienne résistante argentine, kidnappée et torturée durant ces
heures noires. Son histoire m'a émue : j'avais trouvé mon héroïne
!
A travers ce roman, quels messages
souhaitez-vous faire passer ?
L'histoire de cette argentine m'a
beaucoup touchée. Cela m'a permis d'évoquer dans le roman, comment
reconstruire le quotidien après avoir vécu de terribles
souffrances. Dans la vie, nous faisons des choix fondamentaux et nous
subissons par ailleurs le destin. Mais nous avons toujours la liberté
de choisir la façon dont nous réagissons : soit je suis dans la
négation de l'autre, dans la haine, la vengeance, soit je me mets en
communion avec les autres. Nous sommes des êtres de relation, notre
bonheur est donc relationnel. Nous avons besoin de l'autre. Et on se
sent fort si l'on se sait aimer. L'amour des autres nous construit.
Pourquoi avoir introduit une part
d'irrationnel dans cette histoire ?
L'héroïne a un don de voyance que
j'ai inventé. J'avais envie de parler de l'invisible. Souvent, chez
les jeunes, tout ce qui est spirituel a tendance à être assimilé à
de la superstition. Or, j'aimerais faire réfléchir à cette part
d'invisible qui nous touche parfois, que l'on ne s'explique pas
toujours mais qui peut être une porte à la spiritualité.
La Théorie de la Libération
a-t-elle du sens encore aujourd'hui ?
Cette Théorie, née en Amérique
Latine en 1968 et dans un contexte de forte injustice sociale,
plébiscitait notamment de libérer les hommes de leur pauvreté.
Très critiquée par le Vatican, elle peut donner néanmoins une
grille de lecture sur notre histoire contemporaine. Ce qui
m'intéresse, c'est qu'elle remet en cause cette foi tournée vers le
soi, sur cette relation secrète entre l'individu et Dieu. Pour moi,
avoir la foi, c'est changer le monde. On ne peut pas rester
indifférent à l'injustice sociale. C'est d'ailleurs l'exemple que
nous donne le Pape François. Croire, c'est aussi un engagement
social, politique.
Et vous, quel pourrait être votre
engagement de demain ?
Pourquoi pas m'investir davantage pour
défendre les droits de la femme, sa dignité, son identité en tant
qu'être.
Article paru dans Présence - Groupe Bayard - 7/11/14
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