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lundi 10 mars 2014

L'alimentation du jeune enfant, un casse-tête pour les parents !

 Article paru dans Question de Parents février/mars 2014
  
Les informations sur le sujet peuvent sembler confuses : à quel âge commencer la diversification ? En complément, quel type de lait donner ? Comment faire des repas un moment de plaisir ? Et le bio dans tout ça ? Question de Parents fait le point.

Entre 4 et 6 mois, c'est la fenêtre de tir idéale pour faciliter la diversification alimentaire et éviter les allergies. Pour Laurence Haurat, nutritionniste, la diversification débute souvent par «l'introduction d'aliments, au goût plutôt neutre ou sucré, mélangés avec du lait. » Inutile, avant deux ans, d'ajouter du sucre ou de sel, cela n'inciterait pas l'enfant à manger davantage. Et s'il y a un risque d'allergie, mieux vaut introduire un nouvel aliment par semaine. Marie-Françoise Rolland Cachera, epidémiologiste qui intervenait à l'Institut Pasteur de Lille sur l'alimentation des enfants le 29 novembre 2013, met néanmoins en garde les parents : « Les nourrissons ont un besoin élevé en lipide (corps gras présents dans les huiles, le poisson, le lait ...) jusque trois ans pour construire le système nerveux. Or, l'alimentation d'aujourd'hui nous pousse à leur donner trop de protéines (œufs, viande, céréales …) et moins de lipides. Conséquence : un risque de maladies cardio-vasculaires ou d'obésité plus tard ».


Quel lait choisir ?
En complément de la diversification, quel lait choisir ? Le lait maternel, gras et avec peu de protéines, a l'avantage de jouer un rôle protecteur, notamment face à l'obésité. « Mais le lait maternel seul à 6 mois n'est plus suffisant. La diversification évite les carences en fer, et ce même si la maman prend par ailleurs du fer. » précise Dominique Turck, pédiatre au CHRU de Lille. «L'allaitement peut même faciliter la diversification si le bébé reconnaît dans les aliments proposés, les arômes consommés par la mère. » souligne Sophie Nicklaus, chercheuse à l'INRA-CSGA Dijon.

Si l'enfant n'est pas allaité, les parents hésitent alors entre le lait de vache traditionnel plus économique (0,8 euros/litre) et le lait de suite de 4 mois à 1 an puis le lait de croissance de 1 an à 3 ans (1,8 euros/litre). En quoi l'utilisation de ces préparations lactées est-elle justifiée ? Selon Dominique Turck,« l'utilisation de lait de croissance à hauteur de 250ml/24h, permet de couvrir les besoins nutritionnels des enfants, notamment en matière d'acides gras et de fer, et évite un excès d'apport en protéines et sodium. Ce qui n'est pas le cas avec le lait de vache. » répond la pédiatre.

Si le lait de croissance peut être utile, il n'est pas indispensable. Les enfants peuvent très bien grandir avec le lait de vache, si selon Dominique Turck, « une alimentation diversifiée permet de couvrir les besoins en nutriments. Ne pas hésiter à donner du lait entier riche en lipide, du boudin noir et du foie pour le fer,  de l'huile de tournesol, huile de pépin de raisin .... riches en Omega.» Encore faut-il que cette exigence alimentaire soit bien suivie dans la durée par les familles. Sur le lait de soja, elle précise qu'« il n'y a aucun souci pour les enfants de plus d'un an.» Mais, quelque soit le lait utilisé, il est toujours nécessaire d'apporter un complément extérieur (sous forme d'ampoule) pour couvrir les besoins en vitamine D (normalement fourni par l'ensoleillement). Anne Henry-Castelbou

Encadré 1 : Comment se forment les préférences alimentaires ?
La diversification n'est pas toujours simple. Les refus de nos petits découragent plus d'un parent. Pour Sophie Nicklaus, chercheuse, « le répertoire alimentaire se forme de la conception aux 2 ans de l'enfant. Puis entre 2 et 8 ans, l'enfant peut rentrer dans une période de neophobie alimentaire (rejet d'aliment).» Selon elle, il est important de répéter la présentation des aliments nouveaux, et ce même en période de neophobie alimentaire. En effet, l'enfant a une mémoire sensorielle : s'il a appris à consommer, avant ses deux ans, l'aliment rejeté, cette neophobie peut disparaître. Quelques petites astuces pour que les repas restent un plaisir : alterner les aliments, varier les menus, réaliser de belles présentations d'assiette, inviter l'enfant à faire les courses alimentaires ou à cuisiner. Selon Sophie Nicklaus, « à 2 ans, le caractère difficile d'un enfant lors des repas est souvent associé à un style éducatif permissif. » A l'inverse, elle rappelle que l'enfant régule naturellement sa prise alimentaire : « Il est donc inutile de lui demander de finir un plat, il vaut mieux inciter l'enfant à goûter et à choisir la quantité qu'il souhaite manger. »

Encadré 2 :Manger Bio, est ce utile ?
Il n'y a pas de consensus réel et ce malgré moult études scientifiques. Pour le professeur Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste à l'Institut Pasteur, «il y a peu de différences en matière de qualité nutritionnelle entre les produits bio et non bio. Si on épluche et on lave les produits issus de l'agriculture conventionnelle, on retire 80% des pesticides. Et les résidus de pesticides ne posent pas de problème pour la santé. Manger bio n'apporte pas de bénéfice établi et n'a pas d'inconvénient majeur.» A l'inverse, pour Anthony Beharelle, dirigeant de Croc la Vie, entreprise lilloise qui fournit les repas bio de nombreuses crèches, « les produits biologiques sont plus riches en nutriments, notamment en antioxydants, et contribuent à une baisse de la concentration des pesticides dans le corps. » Ce qui permet de les déguster sans crainte avec la peau où sont concentrés vitamines et minéraux. « Entre 2008 et 2011, 80 études ont montré une forte relation entre les pesticides et les cancers. Le meilleur principe reste celui de la précaution. » conclue Anthony Beharelle.

A lire :
Manger bio, c'est mieux, de Claude Aubert, Denis Lairon, André Lefebvre aux Éditions Terre Vivante
C'est l'enfer à table !, de Laurence Haurat, Anne Krispil aux Editions Eyrolles
Le bébé gastronome, de Sandrine Monnery-Patris aux Editions Philippe Duval

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